Lettre ouverte à Dominique de Villepin,
ministre de l'Intérieur

 

   Je tiens à attirer votre attention sur les difficultés que rencontrent mon épouse, Najat Dghai, et mon fils aîné, Kamel. Le 19 mai 2004, la sous-préfecture de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) a refusé la régularisation de ma famille, qui vit en France depuis des années, ayant ici de nombreuses attaches familiales et privées. 

   Je suis entré en France en 1986 et je suis titulaire d'une carte de résident, après avoir été victime pendant de longues années, sous les  gouvernements précédents, qu'ils soient de droite ou de gauche, des lois  fabriquant les sans-papiers, issues de l'ordonnance de novembre 1945. Mon épouse, Najat, et mon fils aîné, Kamel, m'ont rejoint en 2001, après  avoir attendu presque trois ans un visa. En 2002, notre fille, Yasmine, est née, à Ivry (94).

   Najat est donc mère d' une enfant née en France, qui a vocation de devenir française, à l'âge de 13 ans, selon la loi. Najat sera alors régularisée ; nous refusons que cela soit au prix d'années de crainte et d'attente injustifiées. Quant à Kamel, il est scolarisé depuis son entrée en France et il y grandit et s'éduque comme n'importe quel autre enfant de son âge. Les conséquences d'une rupture scolaire et d'une séparation familiale seraient donc particulièrement néfastes pour mon fils et totalement contraires à son intérêt, tel qu'il est défini dans la Convention internationale des Droits de l'enfant.

   Le refus de régulariser Najat et Kamel condamne donc ma famille à vivre - comme je l'ai subi il y a quelques années - dans l'insécurité et la peur permanente de l'expulsion. Ce refus porte atteinte à un droit fondamental garanti par les textes internationaux : celui du respect de la vie privée et familiale. J'estime, en conséquence, que le refus du sous-préfet de L'Haÿ-les-Roses n' est pas acceptable et qu'une autre décision, positive, ne pourrait qu'être bénéfique pour notre vie en France et l'avenir de nos enfants.

Comptant sur une issue favorable, 

 

 Mohamed Dghai

 L'Haÿ-les-Roses, le 15 juin 2004